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Salem AYENANMon intervention sur l’Émission Environnement de la chaîne Sud Africaine Channel Africa ce soir.
Parlons d’environnement a présent et on se rend en Espagne où les autorités ont démantelé un réseau mafieux. Il s’agit d’une organisation qui, depuis les îles Canaries, a déversé plus de 5 000 tonnes de déchets électroniques dangereux au Sénégal, au Nigeria, en Mauritanie et au Ghana. Les autorités espagnoles affirment que cette organisation aurait eu plus d’1.5 million d’Euros de bénéfice.
⏺️➡️ Journaliste : Salem AYENAN, vous êtes un activiste pour la protection de l’environnement. Bonsoir et merci de nous rejoindre. Vous l’avez entendu, l’Afrique a encore servi de cimetière aux déchets électroniques de l’étranger. Quelle est votre réaction ?
▶️➡️ Moi : Je suis profondément attristé et très déçu que malgré nos luttes au quotidien, le mal persiste. C’est vraiment dommage que l’Afrique soit toujours considéré comme la poubelle où l’on peut déverser toute sorte d’ordures. Ce n’est point le cas dans les pays développés où c’est tout un mécanisme de contrôle et de procédure avant que des objets n’entrent dans le pays. Mon sentiment à l’heure où je vous parle : c’est la triste désolation, mais toujours avec un degré d’optimisme que notre lutte payera un jour.
⏺️➡️ Journaliste : 43 personnes ont été interpellées pour notamment délits présumés contre l’environnement, mais que dire de la partie adverse. Des autorités Africaines qui, je présume, acceptent de recevoir ces déchets électroniques moyennant de l’argent ?
▶️➡️ Moi : La responsabilité dans cette affaire est entièrement partagée et j’ose croire que des mesures urgentes et sévères doivent être prises pour punir toutes les parties impliquées dans cette affaire. C’est un crime contre l’humanité, et cela ne doit pas rester impuni.
Selon mes informations, ce sont les autorités espagnoles qui ont démantelé ce réseau mafieux. Alors que les déchets électroniques dont il est question sont déversés et présents sur le sol Africain, notamment au Sénégal, au Nigeria, en Mauritanie et au Ghana.
Cher ami journaliste, il me plaît bien de poser cette question : comment se fait-il que ces déchets entrent frauduleusement dans un pays alors qu’il y a des frontières, des autorités douanières et autres instruments de contrôle technique ?
S’il faille saisir cette affaire de crime contre l’humanité, 43 personnes reste un nombre insuffisant pour situer les responsabilités et donner une leçon de respect vis-à-vis de notre planète.
⏺️➡️ Journaliste : Les autorités Espagnoles parlent de rebuts, contenant notamment du mercure, du plomb, du cadmium, de l’arsenic et du phosphore. Quel pourrait être le danger de ces constituants sur l’environnement et la santé humaine.
▶️➡️ Moi : Justement parlant de ces appareils électroniques qui pour la plupart du temps contiennent des substances toxiques, il faut dire que le problème doit être pris très au sérieux par nos autorités et les populations en question.
Quand je prends le cas du mercure par exemple, c’est un élément naturel qui existe partout dans notre système solaire.
Selon les études scientifiques, des doses élevées de mercure peuvent entraîner la mort, et même des doses relativement faibles peuvent aussi endommager gravement le système nerveux.
Ce n’est pas fini, l’ingestion ou l’inhalation (vapeurs ou poussières fines) de plomb est toxique. Elle provoque des troubles réversibles (anémie, troubles digestifs) ou irréversibles (atteinte du système nerveux, encéphalopathie et neuropathie).
M. le journaliste, vous avez parlé aussi du cadmium, mais est-ce que vous savez que le fait d’inhaler des taux très élevés de cadmium peut endommager les poumons ?
Le fait d’être exposé à l’arsenic inorganique pendant sa vie peut accroître le risque de certains cancers, notamment de la vessie, du foie, des reins, des poumons et de la peau.
Et qu’en est-il donc du phosphore ?
L’excès de phosphore peut entraîner une croissance abondante des plantes aquatiques. Ce phénomène peut mener à un changement dans les assemblages de poissons et d’invertébrés et ainsi favoriser des espèces moins désirables, comme des espèces tolérantes à la pollution, dont certaines peuvent être envahissantes.
Voyez-vous quelles sont les conséquences graves de ces éléments sur l’environnement et sur la santé des êtres vivants et humains ?
Et c’est pour cela que je qualifie ce qui arrive de criminel.⏺️➡️ Journaliste : Salem AYENAN, que peut-on faire à l’avenir pour se protéger de ce genre d’arnaque et par-dessus tout sauvegarder notre environnement a l’heure on parle de réchauffement climatique ?
▶️➡️ Moi : La grande question ! Que faire ?
Tout d’abord, il faut une prise de conscience des dangers que nous courons à continuer dans cet élan, qui nous conduit vers la destruction complète de notre planète. Et ceci passe inéluctablement par l’éducation civique sous toutes ces formes.
L’État est fortement interpellé dans cette lutte, mais je l’ai toujours répété, rien ne va bouger si la volonté politique n’y ait pas. Il y a bien des pays qui polluent beaucoup plus, mais qui définissent un certain nombre de normes pour diminuer leur degré de pollution et réduire l’ampleur des risques. Ce qui n’est pas le cas chez la majorité des pays Africains. Si non, comment expliquer que malgré les contrôles douanières au niveau du port, il y ait des possibilités de faire passer des objets nuisibles à la santé de la planète et la santé humaine ?
Le problème est très profond, car dans cette affaire, il y a la corruption, la falsification des documents par des individus, l’implication d’entreprises avec des systèmes frauduleux et tout ce qui va avec…
Donc il nous faut des dirigeants assez indulgents face à la réalité que nous vivons, des autorités assez éduquées sur les changements climatiques et qui font de leur priorité absolue la lutte effective contre le réchauffement climatique.
Il faut renforcer la machine douanière au niveau des ports, utiliser des machines sophistiquées pour détecter ces déchets qui affectent gravement la santé, définir des mécanismes de suivi de ces objets qui entrent dans le pays jusqu’à la destination finale et l’utilisation qui en est faite.
J’avoue, ce n’est pas un travail facile, mais avec un peu de volonté et la mise à disposition de moyens efficaces, je suis convaincu que beaucoup de choses vont s’améliorer.
Et si l’on inversait la situation, vous pouvez vous rassurer, des déchets pareils auront du mal à entrer en Espagne. Alors pourquoi toujours l’Afrique. Il faut que nous réveillions nos consciences et que nous définissions nos propres moyens de développement afin de ne pas être la poubelle où un fourre-tout pour les autres continents.
PS : La version enregistrée sera disponible ici :
https://omny.fm/shows/vues-d-afrique-french