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    HOUETON OGOUA Sybile

    il y a 3 ans et 1 mois

    MON UTERUS, MON CHOIX
    Blog4SDGs
    septembre 16, 2021

    A travers cette campagne sur les violences obstétricales et gynécologiques « MON UTERUS, MON CHOIX », nous nous engageons à vous faire découvrir un type de violence à l’encontre des femmes qui restent silencieuses.

    Que savez-vous des Violences Gynécologiques et Obstétricales ?
    Avez-vous déjà subi une fois au moins ce type de violence consciemment ou inconsciemment ?

    Dans ce premier numéro, nous allons nous intéresser à la sémantique des Violences Gynécologiques et Obstétricales (VGO).

    Le constat sur les mauvais traitements dans les hôpitaux lors des consultations gynécologiques et ou obstétricales nous pousse à une réflexion sur la question.

    En effet, les violences Gynécologiques ou Obstétricales remettent en cause la jouissance des Droits fondamentaux de la Personne Humaine, précisément ceux de la Santé Sexuelle et de la Reproduction (DSSR) des femmes ainsi que leur dignité Humaine. Les différentes expériences douloureuses ont des conséquences négatives sur les femmes ou sur leurs enfants nouveau-nés.

    Selon le Haut Conseil à l’égalité des femmes et des hommes (HCE) :

    6 % des femmes se déclarent insatisfaites du suivi de leur grossesse ou de leur accouchement soit (50 000 femmes) ;
    1 femme sur 2 sur laquelle une épisiotomie a été réalisée déplore le manque ou l’absence totale d’explication sur le motif de l’épisiotomie ;
    3,4 % des plaintes déposées auprès de l’Ordre des médecins en 2016 concernent des agressions sexuelles et des viols commis par des médecins.
    Pour le compte de l’Afrique, l’OMS a réalisé et publié en octobre 2019 une étude qui montre que dans 4 pays à faibles revenus, plus d’un tiers des femmes ont été victimes de mauvais traitements lors de leur accouchement dans des établissements de santé. Les femmes les plus jeunes et les moins instruites sont les plus exposées à ce risque, qui peut aller de la violence physique et verbale, à la stigmatisation et à la discrimination, en passant par les interventions médicales effectuées sans consentement, le recours à la force pendant les interventions et l’abandon ou la négligence par le personnel de santé.

    Cette étude, menée au Ghana, en Guinée, au Myanmar et au Nigéria, révèle que 838 femmes sur les 2016 rencontrées (soit 42 %) ont subi des violences physiques ou verbales, ou ont été victimes de stigmatisation ou de discrimination. 14% ont subi des violences physiques, le plus souvent des gifles, des coups ou des coups de poing. On a également observé des taux élevés de césariennes, d’épisiotomies (coupures chirurgicales faites à l’ouverture du vagin pendant l’accouchement) et d’examens vaginaux pratiqués sans consentement.

    Ces chiffres ne traduisent qu’une infirme partie des expériences douloureuses que subissent les femmes lors des consultations périnatales à travers le monde. Malgré l’existence du problème sous nos cieux, force est de constater que la littérature n’y accorde pas grand intérêt. Ceci se traduit par la non-disponibilité de statistiques fiables.

    Que peut-on entendre par Violences gynécologiques et obstétricales ?
    Le HCE les définit comme : « Des actes sexistes durant le suivi gynécologique et obstétrical, des gestes, propos, pratiques et comportements exercés ou omis par un(e) ou plusieurs membres du personnel soignant sur une patiente au cours du suivi gynécologique et obstétrical et qui s’inscrivent dans l’histoire de la médecine gynécologique et obstétricale, traversée par la volonté de contrôler le corps des femmes (sexualité et capacité à enfanter). Ils sont le fait de soignant(e)s – de toutes spécialités – femmes et hommes, qui n’ont pas forcément l’intention d’être maltraitant(e)s.

    Marie-Hélène LALAYE, Juriste bloggeuse et auteure du livre : « Accouchement, les femmes méritent mieux », définit plutôt la violence obstétricale qui peut être perçue comme : « Tout comportement, acte, omission ou abstention commis par le professionnel de santé, qui n’est pas justifié médicalement et/ou qui est effectué sans le consentement éclairé de la femme enceinte ou de la parturiente.

    Selon July Bouhallier et Basma Boubakri co-présidentes de L’Institut de Recherche et d’Actions pour la Santé des Femmes (IRASF) les VGO sont constituées de gestes, de paroles et d’actes médicaux isolés ou cumulés qui ne sont pas justifiés ou nécessaires médicalement, qui s’opposent aux recommandations scientifiques, qui ne respectent pas le cadre légal et enfreignent la loi.

    La violence obstétricale consiste en tout acte abusif sortant du cadre des intérêts de la patiente tel que :

    L’organisation du planning des équipes soignantes,
    Le respect des protocoles hospitaliers parfois contraire à l’intérêt des patientes,
    Le souci de protection médico-légale des soignants eux-mêmes et/ou de soumission aux impératifs des compagnies d’assurance, et toujours en dehors du consentement, des demandes et des besoins des femmes.
    La violence obstétricale est aussi l’absence de médicalisation quand les femmes en expriment le besoin et/ou l’envie.
    Il peut s’agir d’agressions physiques, verbales, de jugements et commentaires personnels, d’humiliations graves, de manque de confidentialité, de violations de l’intimité.
    Le Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes et aux enfants (CRI-VIFF) (2015), quant à elle, définit la violence obstétricale de la façon suivante : « C’est un exercice abusif de pouvoir par lequel un individu en position de force cherche à contrôler une autre personne en utilisant des moyens de différents ordres afin de la maintenir dans un état d’infériorité ou de l’obliger à adopter des comportements conformes à ses propres désirs. Cette définition ne se limite pas aux conduites individuelles puisque la violence peut s’exercer par des systèmes plus larges ».

    De ces différentes définitions, on remarque que la notion de violences Gynécologiques et ou Obstétricales s’entremêlent. La plupart des auteurs définissent la violence Obstétricale.

    Est- ce à dire qu’il y a une différence entre les deux ? Si oui, à quel niveau se situe cette différence ?

    En réponse à cette question, la Sage-Femme Juriste Publiciste, consultante – Formatrice en protection des Droits des patients en Humanisation des soins et présidente du Réseau des Soignants Amis des Patients (R-SAP), madame Annick NONOHOU nous apprend que la Gynécologie (La Violence Gynécologique à rapport avec une femme non enceinte) concerne la femme non enceinte et l’obstétrique (Par contre, La Violence Obstétricale à rapport avec une femme enceinte ou ayant accouché) concerne la femme enceinte ou ayant accouché. Ainsi dit, Il n’y a pas pour autant une grande différence. Les deux sont étroitement liées. Qu’il s’agisse de l’une ou l’autre de ces violences, elles s’appliquent dans le cadre d’une consultation médicale ayant rapport avec la Santé sexuelle de la reproduction de la femme.

    Blog4sdgs – Violences Gynécologiques et Obstétricales
    Qu’en est-il des différentes catégories de mauvais traitements ?
    Nous allons nous baser sur les travaux menés et présentés au plan régional par la Sage-femme Juriste Annick NONOHOU qui distingue les catégories suivantes :

    violences verbales : propos discourtois ou injurieux ou encore sexistes, cris, etc.
    violences physiques : coups, gifles, pincement, écartement violent des cuisses lors de la poussée, césarienne abusive ou de convenance, interdiction de boire et de manger, imposition de position gynécologique, soins médicaux sans consentement, etc.
    violences sociales : interdiction d’accès du conjoint en salle de naissance, solitude (défaut d’assistance), non jouissance des avantages sociaux, etc.
    violences environnementales : milieu non relaxant, environnement non humanisé, vocabulaire médical à outrance, équipe médicale en sureffectif (stagiaires) lors des visites, absence de tri des urgences (cas graves parmi les patientes bien portantes), etc.
    violences psychologiques et émotionnelles : annonce de complications ou de décès sans circonspection, toutes stratégies de déstabilisation psychologique pour des faits de rançonnement surtout, etc.
    violences économiques et financières : ordonnance médicale abusive, bilans d’examen non nécessaires, surfacturation des actes, prolongement de séjour hospitalier à but lucratif, etc.
    violences spirituelles et religieuses : imposition de pratiques religieuses, interdiction de jouissance de prières, interdiction d’usages culturels non nocifs, etc.
    Environ 7 catégories se sont dégagées. Les différents exemples dans chacune d’entre elles permettent d’avoir une idée un peu plus précise sur la notion. Il est évident que la problématique des violences gynécologiques et ou obstétricales est dense mais nous allons ensemble cerner le contour pour en proposer les pistes de solutions afin de susciter un changement de comportement pour l’épanouissement de la mère et de l’enfant.

    Dans le prochain numéro, nous parlerons des causes et des conséquences.

    Par Sybile HOUETON OGOUA,

    Juriste, militante des Droits de la Femme et de l’Enfant.
    Coordonnatrice du Réseau des femmes d’Amnesty International Bénin.

    Publié sur le blog des ODD.

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